jeudi 17 mai 2007

Un ennemi de poids (11)

Vera vivait ce genre de cauchemard dont on ne sait s'il est rêve ou réalité. Quand on a l'impression de s'être déjà par trois fois réveillée, mais qu'on est toujours bel et bien dans les bras de Morphée... Un voile sombre recouvrait les images qui se bousculaient dans sa tête. Elle revoyait Guillaume l'embrasser avant de quitter le restaurant, puis se voyait faire l'amour sur la plage à un inconnu, avant de se retrouver au magasin de fringues où elle déchirait tous les vêtements en les essayant et finissait nue dans la rue sur ses talons aiguilles, en train d'essayer de courrir pour fuir... mais quoi ? Elle ne parvenait pas à se retourner pour regarder, ni à s'arrêter pour enlever ses chaussures. Elle voulait crier, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Elle pleurait si fort, qu'elle avait l'impression qu'elle allait étouffer, elle ne parvenait pas à reprendre son souffle. Là, elle était dans sa salle de bain, devant son miroir en pied, armée de ses ciseaux à ongles, et avait entrepris de se débarrasser de ces bourrelets qui grossissaient à vue d'oeil, mais ils repoussaient aussitôt qu'elle les avait coupés. Il n'y avait pas de sang, mais on aurait dit des boudins de plasticine qu'elle entassait dans l'évier qui en fût bientôt plein. Elle avait commencé à en remplir la baignoire quand on vint sonner à la porte. Lorsqu'elle alla ouvrir, elle se retrouva face à tous les collègues de Guillaume, assis à leurs bureaux. Ils ne semblaient pas surpris de la voir, mais chuchottaient entre eux, un air à moitié désolé, à moitié dégoûté sur le visage. Elle se rendit compte qu'elle était toujours nue, avec des bourrelets à moitié découpés lui pendant du ventre. Elle voulu se retrouner pour rentrer chez elle, mais la porte n'était plus là. A sa place, il y avait Guillaume, furieux de la voir ainsi. Il se mit à lui crier dessus, lui exprimant tout le dégoût qu'elle lui inspirait et la honte qu'elle lui faisait subir en venant s'exhiber ainsi devant tous ses collègues. Les pleurs redoublèrent, le poids sur sa poitrine devenait insupportable. Elle cherchait de l'air mais ne parvenait pas à reprendre sa respiration. Elle se rendit compte que ses voies respiratoires étaient encombrées d'une matière visqueuse et filante, comme un énorme chewing gum. Elle essayait de s'en dépétrer en l'attrapant avec ses doigts, mais il y en avait toujours et toujours. Cela lui donnait des nausées. Elle en enlevait des quantités astronomiques, tant et si bien qu'elle finit par se déchausser les dents, une à une...
(à suivre...)

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