dimanche 4 mars 2007

Un ennemi de poids (2)

_Madame Benedetti, lui glissa-t-il dans l'oreille alors qu'elle s'enroulait une serviette autour de la tête, vous êtes décidemment la femme la plus sexy que je connaisse. Et comme pour confirmer ses dires, il posa tendrement ses deux mains en coupe sous ses seins rebondis avant de refermer ses bras autour de sa taille. Tous les deux face au miroir de la salle de bain, ils s'échangèrent un regard d'amour avant de s'activer.
_Bon, allez, bouge de là, j'en ai encore pour une heure à me sécher les cheveux, me maquiller et m'habiller. Si tu allais déjà te préparer de ton côté ? Sers-toi un pastis en m'attendant...
_Excellente idée ! Ne traîne pas trop quand-même, j'ai réservé à 20h...

Dès qu'il eût refermé la porte de la salle de bain, Vera resta un moment devant le miroir. Elle jeta un oeil par dessus son épaule, dans le coin où se trouvait le pèse-personne. Le maléfique objet semblait la défier, tapis dans l'ombre : « Alors, devine... Perdu ou gagné aujourd'hui ? Osera, osera pas ? »
_Non ! s'exclama-t-elle à voix haute.Ce n'est pas le moment. Pas besoin de savoir ça maintenant. J'ai une jolie robe, c'est tout ce qui compte.

48 minutes et 36 secondes plus tard, une sublime créature vint s'asseoir sur les genoux du jeune inspecteur Benedetti. Vera avait laissé ses cheveux dégringoler en une cascade de boucles brunes sur ses épaules et sa nuque dénudées. Lorsqu'il la vit dans sa sompteuse robe rouge, celle-là même qui avait failli le rendre fou un soir d'été il y a deux ans, il ne put empêcher sa mâchoire inférieure de tomber.

En voyant son regard ahuri, elle éclata d'un rire cristallin qui laissait voir ses jolies dents blanches encadrées de ses magnifiques lèvres tout juste relevées d'un peu de gloss. Cela donnait à sa bouche l'allure d'une goutte de rosée sur un pétale de rose. Son regard glissa alors vers ses yeux d'un bleu intense, à peine soulignés d'un peu de mascara.
_Dieu que j'aime cette femme !
_Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai faim, moi ! On y va ?

*

Il descendit en sifflotant les escaliers menant à la cave, sa malette de docteur à la main.
_Qui... qui est là ? fit une voix encore un peu dans le coltar. Qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce que je fous-là ?
La voix s'affola, ses mouvements étaient retenus par des sangles.
_Vous êtes un malade, AU SECOUUUURS ! A L'AIDE, JE VOUS EN PRIE SORTEZ-MOI DE LA !
Immobile au bas des escaliers, il se délecta un instant du spectacle, un rictus au bord des lèvres. Il aimait observer ses victimes au moment où elles découvrent qu'elles sont dans la merde. Il s'était procuré ces lunettes à vision de nuit, qui permettent de voir en négatif dans la nuit la plus noire. Au début, il leur mettait simplement un bandeau sur les yeux, mais alors il ne pouvait voir leur regard perdu et effrayé, et c'était un spectacle qui lui procurait une douce sensation de puissance.

_Chhhuuut ! Personne ne peut t'entendre, alors ne te brise pas la voix tout de suite, tu risques d'en avoir besoin plus tard...
_Ne me faites pas de mal, je vous en supplie... Laissez-moi partir. Je vous en prie, je ne veux pas mourir... Cette dernière phrase s'étouffa dans une série de sanglots qui rendit le reste de ces supplications incompréhensibles.

(à suivre...)

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